
16 Carex rencontrés lors de nos sorties.
Les Cypéracées forment, après les Orchidacées et les Poacées, le troisième plus grand ensemble chez les monocotylédones avec 5500 espèces. Elles sont les composantes fonctionnelles de nombreux biotopes.
L’espèce Cyperus papyrus a jadis été cultivée dans l’égypte ancienne pour sa moelle utilisée pour confectionner des supports d’écriture : les papyrus.
Ils croissent en colonies (développement de rhizomes longs) ou en touffes (développement de rhizomes courts= laîches cespiteuses). La cariçaie est le nom donnée à une formation végétale dominée ou structurée par une ou des espèces du genre Carex.
Lorsque ces touffes forment des petits monticules on les appelle des « touradons ».
La taille des carex est très variable : certains ne font que quelques centimètres d’autres près d’1,50m.
Carex vient du grec kairo, « couper », allusion aux feuilles coupantes car finement dentées sur les bords.
Ces petites dents qui vous coupent la peau comme un rasoir peuvent être observées avec une bonne loupe sur leurs tiges et/ou feuilles.
Herbacées de la famille des Cyperaceae, les Carex ou Laîches* (ou Laiches) croissent souvent dans les zones humides (marais, tourbières, bordures de rivières et d’étangs, fossés, etc.), mais certaines espèces colonisent les mileux secs.
Le mot « laiche » (laîche) vient du préroman liska, plante des marais si utile à nos ancêtres qui fauchaient et séchaient les laiches pour en faire de la litière.
ANAB : Elles ont l’apparence des graminées mais s’en différencient par de nombreux critères. Elles n’ont pas de nœuds sur les tiges qui sont pleines et souvent triangulaires. Les feuilles sont insérées en spirale, sur trois rangs, l’une au dessus de l’autre (2 chez les graminées). Les fleurs mâles possèdent 3 étamines fixées par leur base et deux à trois stigmates pour les fleurs femelles.
Il existe plus de 5000 espèces de cypéracées de part le monde dont presque 200 en France métropolitaine. La forme et la couleur des écailles femelles et des écailles mâles sont propres à chaque espèce de carex et facilitent leur détermination, il en est de même pour la forme des utricules :

A maturité, les utricules tombent avec le fruit qui est un akène. Le nombre, la position et la forme des inflorescences permet également de distinguer les nombreux carex entre eux.
Attention : Comme un pissenlit qui est très différent en bouton, en fleur ou en fruit, l’aspect d’un carex change énormément avec son évolution : avant la sortie des étamines (fleurs mâles), avant la sortie des pistils (fleurs femelles), après la fanaison des étamines et durant la fructification.
Exemple de clé de détermination + images d’utricules de Carex (pour aider à la détermination)
1- Carex acuta L.1753, Laîche aiguë ou Laîche grêle.
Du latin acutus, aigu, pour indiquer sans doute la forme pointue des épis mâles.
Deux ou trois épis mâles surmontent trois ou quatre épis femelles. Les écailles des fleurs femelles sont d’un brun noirâtre, à carène verte. Elles sont aigües comme les écailles des fleurs mâles.


Chez acuta les utricules ont 2 styles, chez acutiformis, ils en ont 3.
2- Carex acutiformis Ehrh. 1789, Laîche à angles aïgus, Laîche des marais.
Du latin acutus, aigu, pour souligner l’aspect fusiforme des épis mâles.
Plante très polymorphe avec cependant quelques particularités dont la couleur noire de ses épis mâles.
Assez grande (50 à 120 cm), elle ne pousse que les pieds dans l’eau ou à proximité.
Date de l’observation: le 5 mai au nord de Saint Maurice de Satonnay (71)
Confusion possible : en particulier Carex acuta qui en diffère par ses feuilles vertes, non glauques, et de Carex riparia assez voisin avant sa fructification mais dont les feuilles sont beaucoup plus larges.
Les épis mâles sont au dessus des épis femelle.

En bordure d’une voie non goudronnée, dans l’eau courante d’un fossé. Image Google maps.
3- Carex arenaria L. 1753, laîche des sables (dunes et pelouses sablonneuses)
Les feuilles larges de 2 à 4 mm, généralement canaliculées. L’inflorescence se présente sous forme d’un long épi pointu, comportant de nombreux épillets. La bractée inférieure dépasse l’épillet.

FloreAlpes : Son rhizome épais et traçant forme de longues lignes droites très visibles en terrains nus.

4- Carex caryophyllea Latourr., 1785, Laîche de printemps, Laîche printanière.

FloreAlpes : Cette laîche se rencontre dans les prés secs et les pelouses marneuses. Ses utricules sont finement pubérulents, à bec très court, trigones (trois styles), enveloppés par des bractées femelles longuement acuminées. L’unique épi mâle est très massif. La bractée inférieure est engainante, portée par une tige trigone peu scabre (rude au toucher) :

5- Carex decipiens, Laîche à gros styles, voir Carex macrostylos Lapeyr., 1813
6- Carex divulsa Stoke 1787, Laîche écartée.
Nom d’espèce : issu du latin divellere, mettre en pièce ou séparer de, sans doute en raison des petits épis qui s’échelonnent sur sa tige, comme C. remota.
C’est une laiche cespiteuse. Ses feuilles sont longues, molles et étroites. Ses épis sont très longs. Les épillets étant de plus en plus serrés vers le haut, les plus bas avec de longues bractées, les fleurs mâles au-dessus, les femelles en dessous . Fleurs mâles et femelles mêlées. Fleurs femelles à deux stigmates.
Ses utricules à 2 styles sont étalés-dressés, de couleur verdâtre, minces et un peu nervés à la base, ovales-lancéolés (5 mm). Leur bec dépassent l’écaille. Ses fruits sont des akènes plus longs que larges.
Tela botanica : Utricules à 2 styles.
7- Carex disticha Huds., 1762, Laîche distique.
Nature Alsace bossue : peu commune mais fréquente dans les terrains inondables. Avec sa taille resserrée au milieu et large ailleurs, elle assez facile à reconnaitre.
Nom d’espèce : du grec « distichosa », sur deux rangs, distique.
Feuilles: glauques, souples, planes, d’une largeur de 2 à 5 mm. La bractée inférieure est très fine et mesure quelques cm. C’est la petite feuille qui prend naissance sous l’épi.
Possède un seul épi mixte de 2 à 7 cm. Il est de couleur fauve à noir selon la maturité.
Les épillets inférieurs sont femelles, les médians mâles, les supérieurs femelles.
Chaque épillet femelle forme une petite outre ou utricule qui contient réserves et embryon.
Ils possèdent chacun 2 stigmates blancs, papilleux, seulement visibles à la floraison.
8- Carex elata All., 1785, Laîche raide ou Laîche élevée. (jusqu’à 120 cm de hauteur).
Les pieds, immergés dans des eaux peu profondes (maximum 30 cm de profondeur), sont le refuge de gastéropodes, de petits crustacés, de bryozoaires, de petits poissons, de tritons, de grenouilles et de nombreux micro-organismes. La dispersion des graines se fait par l’eau.

3-Tourradons de Carex elata par EHaseler wikipédia

Détail des utricules par Yohan Martin(INPN) :


8- Carex flacca Schreb., 1771, Laîche glauque.
Feuilles larges de 2 à 5 mm, de couleur glauque, c’est-à-dire d’un vert bleuté, surtout dessous. Les feuilles sont rigides et coupantes sur les bords. Vers le haut, des épis couverts avec des bâtonnets jaunes puis oranges : les étamines ce sont les épis mâles. Vers le bas vous voyez des épis couverts de filaments argentés brillants car gluants. Ce sont les stigmates, les extrémités du pistil des épis femelles.

Les épis femelles, au nombre de 2 à 4 sont pédonculés et penchés (alourdis) à maturité.
Les épis mâles brun foncé, au nombre de 1 à 4, sont situés à l’extrémité haute de la plante.

9- Carex halleriana Asso,1779, Laîche de Haller. (10-40 cm).
Forme une souche gazonnante dense. Feuilles étroites (2-3 mm), rudes, épi mâle terminal solitaire, roux et blanc, épis femelles globuleux, pauciflores, collés à l’épi mâle et subsessiles. Orchid-nord.
Bractées engainantes, à pointe herbacée. Lieux arides, pelouses sèches et bois clairs, sur sol calcaire.


10- Carex macrostylos Lapeyr., 1813, Laîche à gros styles.
FloreAlpes : Carex assez proche de C. pulicaris et de C. pyrenaica, mais à deux styles et utricules renflés à la base. Epis mâles peu nombreux et peu différenciés visuellement. Se rencontre dans les pelouses alpines sèches et rocailleuses.
11 Carex pendula Huds., 1762, Laîche à épis pendants.
Plante vivace atteignant ou dépassant 1 mètre, glabre, à souche gazonnante.
– tige robuste, triquètre, lisse
– feuilles allongées, larges de 8-15 mm rudes
– épis mâles 1-2, longs, grêles, fauves
– 4-6 épis femelles écartés, très longs (10-20 cm), cylindriques, denses, arqués-pendants.


12- Carex pilulifera L., 1753, Laîche à pilules.
Inflorescence longue de 1,5-3 cm ; épis femelles 2-5, +/- subglobuleux, sessiles ; épi mâle terminal. Bractée inf. gén. dépassant l’inflorescence, sans gaine. Stigmates 3. Ecailles brunes, à carène verte. Utricules subsphériques, vert grisâtre, pubescents, diamètre 2 mm ou plus, bec très court.


13- Carex remota L., 1755, Laîche à épis espacés.
FloreAlpes : Carex des bois humides, ses petits épis femelles espacés munis de longues bractées foliacées sont très caractéristiques. Cette plante forme souvent des touffes assez importantes.
ANAB : Cette Laîche à épis espacés possède une inflorescence à plusieurs (5 à 9) petits épis de 4 à 9 mm. Ils sont tous semblables et de couleur vert pâle à maturité. L’espacement des épis atteint 7 cm à la base et beaucoup moins dans le haut. Les fleurs mâles sont à la base des épis et leur écaille protège 3 étamines. Au sommet de chaque épi se trouvent les fleurs femelles qui ont chacune 2 stigmates blanc-grisâtre, plumeux, papilleux, seulement visibles à la floraison. Les stigmates sont protégés par une écaille.
N.B. : c’est un des carex qui forme le plus facilement des hybrides avec d’autres carex comme C. brizoides, C. canescens, C.leporinea, C. paniculata et d’autres…
14-Carex riparia Curtis, 1783, Laîche des rives.
Semblable à C. acutiformis, mais taille 60-150cm (acutiformis : 50-120cm), longueur épillet 30-100 mm (acutiformis : 20-70 mm), feuilles atteignant 15 mm de large. Epis femelles mesurant 11-14 mm d’épaisseur, dépassant souvent 6 cm de long, pendants à maturité, surtout l’inf., le sup. gén. mâle dans sa partie sup. ; pédoncule pouvant atteindre 7 cm de long. Utricules non comprimés, longs de 5,5-7 mm, vert jaunâtre, luisants.
Comparaison FloreAlpes avec C. acutiformis. C’est la plus grande espèce de Carex.
Ses feuilles mesurent jusqu’à 160 cm sur 6 à 20 mm, sont glauques et se rétrécissent à l’extrémité en un point trigone. Les tiges mesurent 60 à 130 cm, sont rugueuses et de section nettement triangulaire.
Elles portent 1 à 5 épis femelles, chacun presque cylindrique et chevauchant généralement le suivant, et 3 à 6 épis mâles plus densément disposés. Chaque épi femelle mesure 3 à 10 cm, souvent avec quelques fleurs mâles à l’extrémité, tandis que les épis mâles mesurent 2 à 6 cm. Les fruits sont des utricules 5 à 8 mm de long, de forme ovoïde et renflée. Ils se terminent par un bec bifide distinct, portant 3 stigmates.
N.B. : Carex riparia s’hybride avec un certain nombre d’autres espèces de carex, notamment Carex acutiformis (formant Carex × sooi ).

15- Carex vesicaria L., 1753, Laîche vésiculeuse, Laîche à utricules renflés.
FloreAlpes : Se rencontre sur les rives d’étangs et dans les marécages. Il se reconnaît à ses gros épi femelles aux utricules très gonflés, allongés et progressivement atténués en bec, à la différence de C.rostrata dont les utricules sont brusquement contractés. Les épis mâles sont deux à trois, de couleur brune, groupés en haut de la tige. Tige fortement trigone à angles aigus et scabres.
Naturescene : utricules roussâtres , glabres, dressés, vésiculeux, ovoïdes-coniques (6 mm) , nervés, à bec long lisse et bifide dépassant l’écaille.

16- Carex viridula Michx., 1803, Laîche tardive.
