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11e Marche des cailloux, 4 mai 2024, Partie 4 : de Chasselas à Roche Noire.

11e Marche des cailloux, 4 mai 2024, Partie 4 : de Chasselas à Roche Noire.

Texte et Photos, Pierre-Yves RABA.

Marche de l’après midi : Après la montée depuis Chasselas, nous atteignons « Les Renaud ». La majorité du groupe monte voir les anciennes carrières de grès de Chasselas avec Bruno Rousselle, un petit groupe se forme pour herboriser avec Pierre Yves et Jean Claude.

Nous rencontrons dans l’ordre :

Fumaria officinalis, la Fumeterre officinale, une papavéracée. Voir la fleur.
Ses utilisations médicinales considérées comme plausibles ont été nombreuses.


Cercope sanguin ou Cercope rouge sang (Cercopis vulnerata). Pour aller plus loin avec Jessica.

Cytisus scoparius, le Genêt à balais (Papillonnacée) : le poids du butineur (bourdon, abeille,…) déclenche une brusque ouverture de la fleur : ses étamines en spirale giclent hors de la carène (leur piste d’atterrissage). Ce mécanisme explosif fait prendre au butineur une douche de pollen avant même de pouvoir prendre une goutte de nectar. Adultes et enfants ont pu tester ce phénomène en appuyant simplement avec un doigt sur la carène de quelques fleurs.

L’écorce était utilisée pour le tannage et pour la fabrication de cordes. La fabrication de balais (d’où son nom vernaculaire) a été importante dans tout l’ouest de la France. Il était également utilisé en remplacement du chaume dans certaines montagnes, pour couvrir les toits.
Il permettrait aux moutons de s’immuniser contre les morsures de vipère : la spartéine présente dans cette plante rendrait le venin de vipère inoffensif. Comme toutes les Fabaceae, ses racines ont des nodosités qui permettent d’enrichir le sol par fixation biologique de l’azote.

Polygala vulgaris, le Polygale commun, Polygalacée.
Nous avons abordé la signification des noms des plantes :
Nom de genre : poly-gala, signifie beaucoup de lait.
Il semble avéré que cette plante favorise la lactation des vaches qui s’en nourrissent.
Nom d’espèce : vulgaris signifie commun.

Détail d’une fleur de Polygala vulgaris, Photo de laboratoire.

Linaria vulgaris, la Linaire commune, Scrophulariacée :
du latin linum, lin : les feuilles de plusieurs espèces ressemblent à celles de plusieurs espèces de lin.

Saxifraga granulata, la Saxifrage granulée, Saxifragacée :
Nom de genre composé de saxum, le rocher et frangere, briser. Ces plantes s’installent souvent dans des fissures de rochers. Elles se font d’ailleurs parfois appeler Casse-pierre ou Perce-pierre.

Très surprenant ! : la plante est traditionnellement utilisé comme anti-lithiasique contre la « lithiase biliaire » ou « calculs biliaires ». Or Lithos, la pierre en grec ! Granulée, car sa racine produit de nombreuses bulbilles.


Sur la photo de gauche on voit la fleur et ses sépales velus, l’insecte est une mouche du genre Bombyle, c’est un mâle car les yeux sont jointifs, chez les femelles, les yeux sont espacés.
La photo de droite montre la partie basse de la tige avec ses feuilles basales pétiolées assez épaisses et en rosette, à dents arrondies et les poils gluants qui couvrent sa tige.

Sur de nombreuses plantes, nous avons découvert des sortes de crachats

Trèfle et crachat de coucou

Vicia sativa, la vesce commune ou vesce cultivée, une Fabacée.
J’ai demandé aux enfants de rechercher dans cette espèce de bave une petite larve et ils n’ont pas tarder à revenir avec car dans chaque « crachat » se cache une ou plusieurs larves de cicadelle.
Il s’agit de la cicadelle écumeuse : Les larves se sustentent de sève, comme les adultes, et vivent au sein d’amas spumeux communément appelé « crachats de coucous », et plus rarement « écume printanière ». Pour faire simple disons que les excréments larvaires sont à la fois liquides et visqueux , et que les larves en question y pulsent de l’air pour former les fameux « crachats » où elles vont se développer jusqu’au stade adulte. Etant très fragiles et vulnérables, elles y trouvent une très efficace protection contre la déshydratation, et dans une certaine mesure contre les prédateurs. D’autre part, les bulles d’air ainsi formées assurent une indispensable et très efficace régulation thermique … dont nous nous sommes inspirés !

Vicia sativa et crachat de coucou

Tragopogon pratensis, le salsifis des prés, une astéracée :
Nom de genre :Trago-pogon signifie barbe de bouc en Grec.
Les fleurs de ce salsifis sauvage sont jaunes, contrairement à celles du salsifis cultivé qui sont mauves.
De plus, la fleur du salsifis est caractérisée par la grande taille de ses bractées, dépassant largement au-dessus du capitule. 

Galium molugo, le Gaillet mou, Rubiacée :
Plusieurs espèces de Galium ont la propriété de faire cailler le lait (gala), d’où son autre nom de Caille-lait blanc. Pour aller plus loin.
À l’instar de nombreuses rubiacées, on peut extraire un colorant naturel rouge de ses racines.

N.B. :  Le Crache-sang (Timarcha tenebricosa) et sa larve se nourrissent de plantes du genre Galium. J’ai donc demandé aux enfants d’aller voir dans les touffes de Galium molugo, s’ils ne trouvaient pas un gros chrysomélidé inoffensif au corps fortement bombé et aux élytres noires.

N.B. : Etant aptère (dépourvu d’ailes) et ses élytres étant soudés, il ne peut voler, il se laisse attraper facilement. Ils en ont vite trouvé :

Timarchia tenebricosa, la Chrysomèle noire :
Son nom de genre fait référence à la démarche des élites à Athènes et Rome dans l’Antiquité qui, pour afficher de leur honorabilité, se devaient d’adopter une démarche flegmatique, noble et distinguée. Son nom d’espèce :  tenebricosa = noire.

Son nom commun de crache-sang vient de son comportement défensif : lorsqu’il est dérangé, il émet par la bouche et/ou les articulations une goutte d’hémolymphe, un liquide rouge réputé éloigner les prédateurs.
N.B. : Ce phénomène de « saignée réflexe » existe chez d’autres insectes aptères.

Galium molugo et Timarcha tenebricosa.

Chenille de Bombyx du trèfle  (Lasiocampa trifolii).
Les plantes hôtes de la chenille sont différentes fabacées dont le trèfle bien sûr !

N.B. : L’appellation « Bombyx » est ambigüe car elle s’applique à plusieurs taxons distincts.
Dans ce genre, le magnifique Bombyx del’Ailante et le Bombyx du mûrier (dont la chenille est appelée « vers à soie »)

Les enfants ont déniché un nid de fourmis en soulevant une pierre, elles se sont empressées de mettre leurs oeufs en sécurité : elles avaient le corps roses et la tête dorée et noire…

Sambucus nigra, le Sureau noir.  Caprifoliacée, ex Adoxacée. Un arbuste aux multiples vertus …
Jean-Claude rappelle qu’il existe en Europe 2 autres espèces de sureaux : S. racemosa et S. ebulus.

Sambucus racemosa, le sureau rouge, sureau des montagnes ou sureau à grappes aux baies rouges toxiques lorsque crues et Sambucus ebulus, le sureau hièble. A la différence du Sureau noir il est herbacé (il disparaît en hiver) et non arbustif et ses baies noires toxiques sont dressées et non pendantes, de plus il fleurit 2e quinzaine de juin alors que S. nigra fleurit plus tôt, 2e quinzaine de mai.

Sureau provient de l’ancien français seu, puis seür par influence de « sur », acide.
Sambucus provient du grec sambukê qui désignait chez les Grecs une flûte ou une harpe, les tiges creuses (après avoir retiré la moelle) du sureau permettant de faire de la musique.
La moelle de sureau est utilisée en dissection pour prendre en sandwich les parties végétales (feuille, tige) afin de réaliser des coupes à l’aide d’un microtome ou à la main avec une lame de rasoir.

En 2022, des chercheuses ont montré que les baies de S. nigra contenaient des molécules leur conférant des propriétés antivirales, antibactériennes, antidiabétiques, antitumorales, etc.
Les fleurs blanc crème de sureau noir servent à la préparation d’un sirop, ou se cuisent en beignets.
Les fruits (corymbes à port tombant) sont utilisés dans la préparation de gâteaux et sont consommés en jus, en gelée et sous la forme de confiture. La 2ème écorce de S. nigra est utilisée pour traiter différents maux comme la fièvre, les irritations buccales et les infections respiratoires.

Glechoma hederacea, Lierre terrestre, Lamiacée.
Cette famille comprend de nombreuses aromatiques dont la Menthe, le Thym, le Romarin, la Lavande, la Sauge, le Serpolet, la Mélisse, le Basilic, l’Origan, la Sariette et la Marjolaine.
C’est une plante traditionnellement utilisée en cas de toux, que ce soit la toux sèche ou la toux grasse. En effet, elle possède des propriétés antispasmodiques. Très bon condiment pour les salades, les soupes, les céréales, les boissons et les desserts. On en fait également des sauces et des flans.
A été utilisée pour aromatiser la bière jusqu’au 17è siècle avant le Houblon.
C’est une plante mellifère dont le parfum des feuilles rappelle à la fois la menthe, le citron et l’humus, certains évoquent un parfum balsamique au froissement. Elle peut se marier avec des préparations à base de chocolat.
C’est une mellifère dont la précocité est très appréciée par les divers butineurs et butineuses affamés.

Stellaria holostea, Stellaire holostée, ou Langue d’oiseau, Caryophyllacée :
Le terme « holostée » veut dire « entièrement [constitué] d’os », en raison de la forme particulière des tiges, anguleuses et renflées aux extrémités, ce qui les fait ressembler quelque peu à des os. Comme la tige est particulièrement cassante, la stellaire était autrefois préconisée dans le traitement des fractures, selon la théorie des signatures.
Son nom vernaculaire de langue d’oiseau, fait référence à la forme allongée et aiguë de ses feuilles.
Les jeunes pousses, feuilles et fleurs sont comestibles en salade (goût du petit pois).

Silene latifolia, le compagnon blanc, Caryophylacée :
Silène est un personnage de la mythologie grecque, il est associé au vin et à l’ivresse et on le représente comme un homme joyeux, au ventre bedonnant, enflé comme les calices de nombreuses espèces de Silènes, par exemple S. vulgaris (le Silène enflé).
Espèce dioïque, les fleurs mâles ont des étamines proéminentes. Ici nous étions sur un pied portant des fleurs femelles , nous avons retiré sépales verts et pétales blancs pour montrer l’ovaire surmonté de 5 stigmates blancs.

Comme beaucoup d’autres Silènes qui ne s’ouvrent pas avant le crépuscule, elle dégage un fort parfum qui attire sur une relative grande distance les papillons de nuit qui viennent sucer le nectar. Selon le principe de l’allocation des ressources, il existerait un choix évolutif entre différents façons d’attirer les pollinisateurs : les fleurs blanches, pollinisées principalement par les papillons nocturnes pour qui la vue est accessoire, n’investissent pas dans la coloration des pétales mais dans l’élaboration de parfums floraux qui contribuent à l’attraction de ces pollinisateurs vers les organes reproducteurs.

Crataegus monogyna, l’Aubépine monogyne et Crataegus laevigata l’Aubépine à deux styles, Rosacées. Comment les différencier ? Voir comparaison Flore Alpes.

Les fleurs de C. monogina n’ont qu’un style, ses feuilles sont bien divisées, blanches en dessous.
Les fleurs de C. laevigata ont 2 styles, ses feuilles sont peu divisées, vert plus foncé et bien luisantes.

C. monogyna et Mespilus germanica, le néflier rencontrés en bordure du chemin.
Cantharis fisca, la Cantharide commune ou téléphore sombre.

N.B. : Le Téléphore moine (Cantharis rustica) a les fémurs en partie rouge et la tache noire du pronotum n’atteint pas le bord antérieur mais est bien centrée.

Knautia arvensis, la Scabieuse des champs, Dipsacacée :
Elle croît souvent jusqu’à 80cm dans les prairies calcaires. Cette vivace forme une rosette basale de feuilles velues, découpées jusqu’à la nervure centrale, vert grisâtre, persistantes, en forme de lyre, d’où émergent de nombreuses tiges florales souples, très ramifiées. Les tiges sont munies de quelques feuilles simples, pennatifides et portent à leur extrémité des capitules sphériques de petites fleurs bleu-pourpre pâle, d’un diamètre de 2 à 4 cm de couleur lilas. En savoir plus : P. GOUJON.

Cruciata laevipes, le Gaillet croisette, Rubiacée :
Nous avons observé une belle colonie dont les petites fleurs jaune citron dégageaient une odeur de miel. Ce petit gaillet est aussi caractérisé par ses verticilles de feuilles à trois nervures.
Du latin cruciata, en croix car ses feuilles sont verticillées par 4 et ses fleurs ont 4 pétales en croix.
La tige est de section carrée et couverte de longs poils. Pour en savoir plus : J. Joachim.

Chelidonium majus, la Chélidoine, Herbe aux verrues, Papaveracée (famille du coquelicot) :
On lui prête la faculté de brûler les verrues superficielles avec son latex jaune-orangé.
Le nom de la plante (Chelidonium = hirondelle en grec ancien) serait dû au fait que sa floraison coïncide avec leur arrivée et sa fanaison avec leur départ.

Veronica chamaedris, La Véronique petit-chêne Scrofulariacée/ Plantaginacée :
Feuilles sinuées à la façon de celles du chêne, d’où son nom chamaedrys (du grec khamai « à terre » c’est-à-dire « petit » et drus, « chêne »). Ses tiges grêles, rampantes puis redressées comportent 2 rangs de poils caractéristiques. De ses petites fleurs bleu vif à gorge blanche émergent 2 étamines.

Un peu de magie avec une feuille de Cornus sanguinea dont les 2 parties restent attachées par des vaisseaux sanguins spiralés, notion déjà abordée l’an passé à la marche des cailloux 2023 :

Nous terminons cette promenade en arrivant au pied de Roche noire.

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