11e Marche des cailloux, 4 mai 2024, Partie 5 : Roche Noire.

Au pied de Roche noire, nous rencontrons Melica uniflora la Mélique uniflore, une Poacée (ex graminée).
Elle est si belle qu’elle est cultivée comme plante ornementale. Nous en aurions bien fait un bouquet !
Légère et gracieuse, elle affectionne les zones ombragées.
Son inflorescence ramifiée possède des épillets ne comportant qu’une seule fleur (d’où son nom).

Un peu plus loin, dans une ornière boueuse remplie d’eau, sur le chemin au pied de Roche noire, Daniel Mathieu repère un sonneur à ventre jaune. Ce crapaud apprécie ces milieux, peu profonds, souvent ensoleillés et dont l’eau se réchauffe rapidement favorisant la croissance rapide de ses têtards.
Cependant, ce milieu est risqué pour lui car il peut se faire écraser à tout moment.

Il mesure de 3,5 à 5,5 cm, est reconnaissable par la pupille de son œil en forme de cœur. Sa face dorsale verruqueuse marron lui assure un camouflage au sein de son habitat naturel. Tout le contraire pour sa face ventrale jaune à taches noires qu’il peut dévoiler à un prédateur en cas de menace afin de l’effrayer.(Couleurs dites aposématiques). Les photos montrent que, comme d’autres membres de sa famille, quand il est dérangé ou agressé, il présente un comportement défensif : le réflexe d’Unken, mettant en évidence les parties vivement colorées de son ventre, il s’arc-boute sur le dos puis se tient immobile.
Si l’agression continue, il peut libérer un liquide visqueux, poison irritant pour les yeux et à l’odeur repoussante. N.B. : En France, l’espèce est protégée.

Sur les grès triasiques des carrières de pavés, nous avons rencontré :

Des plantes inféodées aux milieux acides, très riches en silice (plus de 50%) et très pauvres en nutriments :

• Germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia)
• Fougère aigle (Pteridium aquilinum)
• Genêt à balai (Cytisus scoparius)
• Orchis mâle (Orchis mascula)
• Épervière tachetée (Hieracium maculatum)
• Châtaignier (Aesculus hippocastanum)
• Bouleau verruqueux (Betula pendula)
• Chêne sessile (Quercus petraea)
• Houx d’Europe (Ilex aquifolium)
• Frêne élevé (Fraxinus excelsior)
• Aubépine monogyne (Crataegus monogyna)

Sur Roche noire, le sous-sol est compact, aride et très acide :

C’est un dôme rhyolitique recouvert à 90 % par la Callune commune (Calluna vulgaris) accompagnée de Petite oseille (Rumex acetosella). A cette époque de l’année, il est illuminé par la superbe et étonnante Phalangère à fleurs de lis (Anthericum liliago).

Dans la lande, des ossements de gros mammifère ont été découverts :

Un gros carnassier rôderait-il dans les parages?
Nous nous dirigeons ves les abords de l’escarpements rocheux présent sur le côté est, sur la bordure qui surplombe le ruisseau de l’Arlois, nous trouvons plusieurs « scalps » de hérissons.

J’appelle scalp le manteau d’épines laissé par le prédateur qui l’a consommé.
Ses prédateurs sont le blaireau et le Hibou grand duc, tous deux sont présents sur le site et capables de le consommer sans craindre ses piquants. Mais seul le hibou grand duc laisse des « scalps » sur des promontoires rocheux comme ici.
Le rapace nocturne le repère au bruit qu’il fait en se déplaçant dans le feuillage au sol. II le capture avec ses serres puis s’envole pour aller le consommer en toute tranquillité sur un rocher dominant dont il apprécie l’emplacement. A l’aide de ses serres énormes et son bec puissant, le Hibou grand-duc dépèce alors le hérisson lui arrachant sa peau couverte d’épines avant de le manger.

La fourrure du hérisson comporte plusieurs milliers de piquants, qui sont des poils transformés : ils sont creux et possédent à leur racine des muscles érecteurs leur permettant de les diriger.

Ce scalp est très frais, il date de la nuit dernière. D’autres scapls, plus anciens sont trouvés montrant qu’un Hibou grand duc habite dans les parages et que cet escappement rocheux lui paraît très favorable pour venir y consommer ses proies. On trouve également des plumes d’un rapace indéterminé, possiblement une buse variable, un épervier d’Europe, ou un faucon crécerelle ainsi que des plumes noires et blanches montrant que le régime de ce Hibou grand duc est assez varié.

Sur les parois presque verticales des rochers siliceux de cet escappement, nous avons observé l’étonnant Lichen à pustules (Umbilicaria pustulata = Lasallia pustulata ), lichen saxicole (qui pousse sur les rochers) et calcifuge (qui ne supporte pas le calcaire).

D’apparence grise et couvert de pustules (d’où son nom), il est consommé au Canada sous le nom de
« tripes de roches » ! En le mettant dans un sac plastique avec un peu d’eau, nous avons montré qu’il se réhydrate en quelques secondes : il passe du gris/noir au vert lumineux montrant un réveil de son activité photosynthétique ultra rapide grâce aux algues vertes microscopiques hébergées dans le cortex du thalle.

Contrairement à la plupart des lichens, ici le thalle n’est pas collé sur toute sa surface au support mais il est fixé au rocher en un seul point, une sorte de pilier court, de 1 à 5mm d’épaisseur, comme un cordon ombilical ou un « pied » autour duquel se déploie le thalle.

Sur le chemin du retour, nous rencontrons quelques plantes remarquables :

-Chaerophyllum temulum, Cerfeuil penché ou Cerfeuil des fous.
Cette Apiacée est reconnaissable à ses tiges dressées, ramifiées, pourpres ou tachetées de pourpre, couvertes de poils raides et à ses feuilles plumeuses, vert sombre.
N.B : Toutes les parties de cette plante sont toxiques !

Ainsi que, de gauche à droite  :

Himantoglossum hircinum, ou Orchis bouc, une Orchidée.
Trifolium incarnatum, le Trèfle incarnat, une Fabacée.
Ornithogalum umbellatum ou Dame d’onze heure, une Asparagacée.
Son nom vernaculaire fait référence à la réaction thermonastique de ses fleurs qui s’ouvrent en plein soleil et se referment au soir.

La sortie se termine, enfin presque … puisqu’il faut remballer l’exposition …