Vergerettes ou Érigérons

Généralités : De la famille des Asteracées, le genre Érigéron regrouperait plus de 400 espèces.
Le nom de genre est formé du radical (êri) « tôt, de bonne heure » et de gérôn « vieillard », et signifie littéralement « qui vieillit tôt ». En effet, les premières aigrettes blanches des fruits apparaissent dès le printemps et leur donnent l’apparence de petites têtes de vieillards couvertes de cheveux blancs*, tout comme les séneçons de senex (« vieillard »). Comme chez le bien connu pissenlit, chaque akène de l’inflorescence s’orne à maturité d’une petite touffe de soies (papus) qui permet une dispersion optimale par le vent, tel un parachute. Les différentes formes des papus sont utiles à la détermination.

Mais pourquoi les akènes (plus rarement achaines), mûrissent-ils si tôt après la floraison ?
En fait, la plante sécrète tellement d’éthylène* qu’elle fait tout mûrir rapidement.
Elle pourrait faire mûrir vos tomates encore roses en fin d’été…
*Hormone végétale aux effets multiples, notaments impliquée dans les étapes de floraison et qui stimule la maturation de nombreux fruits.

Chez les vergerettes, on observe la nyctinastie, phénomène par lequel les fleurs se ferment la nuit.

N.B. : Erigeron est appelée communément « vergerette » car elle était utilisée autrefois comme « verge » (fouet) pour corriger les enfants.

Dans le langage des fleurs, offrir un bouquet d’Érigéron peut être un geste pour encourager quelqu’un à continuer malgré les défis, car elle est associée à l’idée de persévérance et de résilience au vu de sa capacité à fleurir abondamment même dans des conditions difficiles.

L’érigéron, mauvaise herbe de la vigne la plus répandue, est également la plus difficile à éliminer.
En seulement 10 ans, elle est passée d’une adventice mineure à majeure, affectant désormais 50% des exploitations viticoles en France en 2023.
La présence d’érigérons dans les vendanges peut entraîner des arômes herbacés et nauséabonds, de type soufrés, altérant la qualité organoleptique des vins. La lutte.

Les vignobles de Bourgogne et d’ailleurs sont envahis essentiellement par l’Erigeron du Canada et plus récemment par l’Erigeron de Sumatra.

Mais distinguons quelques érigérons classés arbitrairement en 3 groupes :

Groupe de l’érigéron du canada : Les rayons blanc verdâtre sont minuscules et peu apparents, dressés et non étalés, les capitules sont très peu ouverts, ainsi, les bractées de l’involucre sont plutôt verticales.

E. canadensis : Plante très rameuse. Capitules de 3 à 5mm de diam. Bractées de l’involucre glabres.
Les poils bordant les feuilles (poils dits marginaux) sont perpendiculaires à la marge, raides et étalés.
La tige est bien fournie en feuilles caulinaires.

Les poils marginaux sont couchés, donc parallèles à la marge pour sumatrensis et bonariensis.  

E. sumatrensis : Ressemble à E. canadensis, mais capitules de 5 à 8mm de diam. et bractées de l’involucre densément pubescentes. Poils denses à la base des feuilles avec 2 rangées de poils (courts et longs)

Comparaison des 2 par Christophe de Hody, fondateur du Chemin de la Nature.

E. bonariensis (non pas la vergerette bonne à rien, mais de Buenos aires !) :
FloreAlpes : Assez proche de E. sumatrensis, mais à capitules plus gros, moins nombreux à bractées pourprées au sommet (jaunâtres pour E. sumatrensis). Feuilles d’aspect plus cendré que celles de E. canadensis car pourvues de nombreux petits poils courts et appliqués.
L’inflorescence primaire (terminale), à croissance finie, est souvent dépassée par des inflorescences latérales.

Goupe de la vergerette annuelle (capitules à involucre bien ouvert, fleurs ligulées bien visibles) :
à fleurs centrales tubulées jaunes et périphériques ligulées blanches.
N.B. : Contrairement aux Aster, les fleurs ligulées sont disposées sur plusieurs rangs.

E. annuus : Les feuilles radicales et caulinaires inférieures sont plus fortement dentées que les feuilles caulinaires supérieures avec, visibles à la loupe, des poils pâles et hirsutes sur leurs marges et sur toutes leurs nervures de leurs deux faces, mais le limbe est imberbe. La tige est pleine, à section anguleuse, elle a une surface striée, et elle est poilue.

E. strigosus : a été signalé en France par erreur.
L’espèce est très semblable à Erigeron annuus avec laquelle elle est souvent confondue.
Deux détails permettent de les différencier à l’œil nu : chez E. strigosus, les feuilles de la tige sont entières ou presque et les poils de la tige sont généralement ascendants, alors que chez E. annuus, les feuilles de la tige sont dentées et les poils de la tige sont disposés perpendiculairement à la tige.

Groupe des petites vergerettes montagnardes (absentes de Bourgogne) :

E. alpinus, la Vergerette des Alpes

Erigeron uniflorus, la Vergerette à une fleur.

On peut ajouter E. acris, la Vergerette acre, probablement présente sur les pelouses naturelles calcaires de notre secteur.

Suite à l’évolution des classifications, le genre Erigeron renferme actuellement des espèces jadis réparties dans plusieurs genres :

 * Erigeron : s.s. : alpinus, uniflorus, acris …… toutes indigènes en France

 * Conyza : canadensis, sumatrensis, bonariensis ….  (les espèces problématiques pour les vignes)

 * Stenactis : annuus.